Comme disent les anglophones, the shit hit the fan : Rue89 révèle le montant exhorbitant et les conditions incroyables qu’Elsevier extorque au gouvernement français pour les abonnements.
Alors on rappelle que la publication libre accès (open access) existe depuis des années, marche, est socialement juste, et économiquement efficace. Et on rappelle, comme expliqué dans Rue89, que le système actuel est tout le contraire : un monopole, un marché opaque, la connaissance interdite à pratiquement tous ceux qui en ont besoin, les résultats de la recherche sous-utilisés parce que non utilisables.
Je n’ai pas le temps d’écrire un billet long maintenant, mais d’une part j’ai déjà écrit plusieurs billets sur le sujet :
- Article d’opinion dans Le Temps (Genève) explicant et défendant l’open access.
- Présentation des gagnants de l’open access (indice : tout le monde, y compris vous)
- Présentation des perdants de l’open access (indice : Elsevier).
- L’open access ne nuit pas à la qualité scientifique, pour répondre à un argument erroné mais répété à l’envi.
Et d’autre part, ceci tombe justement après que j’ai lu une super interview de Anurag Acharya, co-créateur du super moteur de recherches Google Scholar (exemples d’utilisation pour la science citoyenne dans ce billet et celui-ci). Un point m’a frappé dans cette interview. Un reproche fréquemment fait à Google Scholar est l’absence d’accès programmatique (API), qui permettrait à des personnes hors Google d’utiliser les informations de manière systématique. Or ce que dit Acharya c’est que cette limitation est due aux contrats que Google a du signer avec les éditeurs scientifiques, comprendre Elsevier et compères : pour pouvoir lire les articles d’accès fermé automatiquement, Google a du s’engager à ne pas permettre à d’autres l’accès à cette information. Et voilà ! Le travail de centaines de milliers de chercheurs payés par les contribuables de tous les pays n’est pas étudiable parce qu’on a donné les clés à Elsevier etc. Si c’était tout publié open access, il n’y aurait aucun problème (j’ai d’ailleurs une collaboration où on fait exactement cela, voir ScienceWise).
J’ai tweetté cela, et même si ce n’est pas les dernières nouvelles de Justin Bieber, ça a été suffisamment retweeté pour montrer que j’avais touché une corde sensible :
So what stops Google Scholar from having an API is that most publishers are closed access, and impose restrictions. http://t.co/ZXq08hQ1Sk
— Marc RobinsonRechavi (@marc_rr) 10 Novembre 2014
La question est évidemment de savoir quelle sera la prochaine étape. Il faut aller vers une obligation de publier en open access, comme l’impose déjà le Welcome Trust, et à mon avis pour cela prendre sur les budgets des bibliothèques, en coupant des abonnements. Je suis un gentil garçon, mais parfois il me prends des envies de révolution…
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